SITE N° 6 LA STÈLE ET LE CANON

Vous êtes maintenant au niveau de la tranchée de la 1ère ligne britannique après avoir traversé ce qui était le noman’s land depuis la borne n°5.

A 200 m. à l’ouest, les lignes britanniques franchissent la rivière LYS pour s’enfoncer en BELGIQUE et rejoindre le saillant d’YPRES à une vingtaine de kilomètres puis la Mer du Nord en prenant appui sur le fleuve YSER.

Sur la commune de FRELINGHIEN, en limite de la commune voisine d’HOUPLINES, le système de tranchées britanniques comprend 3 lignes sur une profondeur de 100 à 200m.

La première ligne permet de déceler directement l’activité de l’ennemi par l’observation et l’écoute et d’appliquer des tirs tendus. La seconde ligne, appelée ligne d’appui, permet des tirs courbes en avant de la 1ère ligne ou d’opposer une nouvelle résistance si la 1ère ligne est franchie. Enfin la tranchée de soutien où peuvent être positionnées les troupes en réserve avec les ravitaillements.

La stèle, visible à cet emplacement, a été inaugurée le 11 novembre 2008 en présence des descendants des officiers qui commandaient les troupes des deux camps : le major Miles STOCKWELL et le Baron Joachim Von SINNER pour commémorer la trêve qui eu lieu à l’occasion de Noël 1914.

le Canon, vestige de cette époque a été inauguré le 11 novembre 2021 suite au don de la famille Prévost.

Cet épisode est connu au travers d’un certain nombre de témoignages dont voici l’essentiel :

« Le matin de Noël 1914, tout était calme. Plus de tirs. Un des sous- officiers de la compagnie A du Royal Welsh Fusiliers dressa une planche avec l’inscription « Joyeux Noël ».

Les Allemands de la compagnie de mitrailleuses du 6ème Jäger Battalion prussiens qui occupaient la brasserie LUTUN en face firent de même.

Vers midi, un soldat allemand avança dans la brume le long du chemin de halage les mains en l’air. Un soldat gallois le rejoignit. Ils se serrèrent la main et le Prussien offrit une boîte de cigares. D’autres Allemands sortirent des tranchées.

Les Gallois, qui avaient interdiction formelle de faire de même, se mirent alors à lancer des boîtes de bœuf en conserve, de la confiture … Les Allemands crièrent de ne pas tirer, qu’ils ne voulaient pas se battre  ce jour-là.

Ils hissèrent un tonneau de bière sur le parapet et le roulèrent dans le no man’s land.

Le commandant de la compagnie A du Royal Welsh Fusiliers, le capitaine STOCKWELL raconte qu’il grimpa sur le haut de la tranchée et cria en allemand qu’il souhaitait voir le commandant de la compagnie adverse. Selon le témoignage d’un soldat gallois, de nombreux fusiliers avaient déjà quitté leur tranchée pour rejoindre les Allemands, si bien que la situation s’était imposée au capitaine STOCKWELL. Le capitaine Von SINNER, commandant la compagnie prussienne, vint à la rencontre du capitaine gallois sur le No-man’s Land. Les deux officiers se saluèrent réglementairement.

STOCKWELL indiqua qu’il avait ordre de ne pas conclure d’armistice et qu’il était risqué pour les troupes allemandes d’être à découvert. Von SINNER acquiesça et, ayant reçu les mêmes ordres, renvoya ses hommes dans leurs lignes. Cependant tous les deux se mirent d’accord pour une trêve jusqu’au matin suivant. STOCKWELL offrit du pudding à Von SINNER et à ses officiers subalternes qui l’avaient rejoint. Ceux-ci offrirent des bouteilles de bière et tous trinquèrent.

La soirée du 25 décembre et la nuit suivante, aucun coup de feu ne fut tiré. Le 26 au matin, STOCKWELL escalada la tranchée, tira trois coups en l’air et déploya un drapeau avec l’inscription « Joyeux Noël ».

Von SINNER tira aussi trois coups en l’air. La guerre avait repris.

Pourtant tout resta calme hormis de nombreuses exclamations vantant la qualité de la bière française. La paix régna encore toute la journée, ponctuée par des chants gallois et allemands !

capitaine STOCKWELL

capitaine Von SINNER

Pour trouver la borne suivante (Borne 7), empruntez le chemin entre la route et l’étang et traversez le parking des pécheurs jusqu’à la tranchée reconstituée.